« Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn ! »

En plein Paris, à deux pas de la maison où le peintre Alfred Sisley est né en 1839, une psalmodie impie s’échappe d’un soupirail. Elle est accompagnée d’ignobles sons venus eux aussi de la cave située directement sous le magasin qui vend du bric-à-brac ésotérique. Entre les lampadaires, des ombres inquiétantes peignent des tentacules gigantesques sur les façades qui étouffent sous un épais manteau de Schizophragma.

Léonard de Muralt pourrait faire partie des artistes qui entendent l’appel de Cthulhu au cœur de la nuit, dans leurs songes. À l’instar du romancier misanthrope de Providence l’américain Howard Howard Phillips Lovecraft, Léonard de Muralt tente lui aussi de décrire l’indescriptible.

Lorsque l’on lui demande d’évoquer son exposition personnelle qui ouvre la saison 2018 de Smallville dans un entretien écrit, il invoque la technique du fluid painting et les formes liquides étranges qu’elle produit. Selon lui, dans ce processus ludique, le médium semble être contrôlé par de mystérieuses influences. Hasard du calendrier, son intervention coïncide à la fin de la période du carême, où l’artiste observe un temps d’abstinence.

Voici le signe d’une mystérieuse synchronicité. Alors qu’il rédige son auto-analyse, qui fait office de support à sa création, la vision d’un petit dessin réalisé le lundi de Pâques de 1995 semble le mettre en transe. En effet, l’écriture familière manuscrite de son père au dos du feuillet réveille une scène oubliée. Soudain, il se voit enfant, en extase, dessiner une serrure mécanique. Espérons toutefois que cette serrure ne soit pas celle de la porte qui garde jalousement confiné celui qui gît en rêvant dans les ruines d’une abomination architecturale. La citadelle maudite R'lyeh, enfouie sous le limon au milieu de l’océan Pacifique.

« Nul ne saurait décrire le monstre ; aucun langage ne saurait peindre cette vision de folie, ce chaos de cris inarticulés, cette hideuse contradiction de toutes les lois de la matière et de l'ordre cosmique. » 
H. P. Lovecraft

Sans tire
Exposition : K-Rem, solo show, Smallville, Neuchâtel
2018
Planches, vernis bois, peintures acryliques
250 × 300 cm

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